La famille, c'est le plus important.

Je suis née d'un père et d'une mère, mariés, heureux, qui géraient à eux deux une grande entreprise qui fabriquaient des voitures de grandes marques. Oui, je suis en quelques sortes née avec une cuillère en argent dans la bouche, mais contrairement à d'autres, je ne suis absolument pas du genre à m'en vanter. J'ai de l'argent, oui, et alors ? Les valeurs de ma famille sont à mes yeux bien plus importantes. J'ai une petite sœur, de trois ans de moins que moi. Lucy. Elle est ma vie. Sans elle, je ne serai rien. Quand elle est née, j'avais peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être la grande sœur qui lui faudrait, et finalement, je l'ai été, à la hauteur. Malgré sa jeunesse, je la considère un peu comme une sœur jumelle que je n'ai jamais eu. Elle est toujours là quand j'en ai besoin, et moi je suis toujours là pour elle également.
Elle est un peu ma meilleure amie. Je me souviens que quand on était plus jeune, on s'aidait pour les devoirs, on allait toujours faire les boutiques ensemble. Elle était d'ailleurs assez mature pour venir à certaines soirées avec moi. Avec mes parents, nous formions la famille parfaite. Et l'image que l'on donnait de cette famille sans aucun défaut me faisait sourire, car même si les disputes étaient rares, on savait s'amuser comme peu de gens le faisaient. L'entente était toujours de mise, jusqu'au jour où...
Je venais de rentrer à la maison après une journée passée à étudier à la bibliothèque du lycée. J'en étais à ma dernière année. L'année prochaine, ce serait l'entrée à l'université. J'avais envoyé des dossiers un peu partout, mais aucune réponse ne m'était parvenue. J'allais à la boîte au lettres chercher le courrier. « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! » Je courrais à l'intérieur de la maison. J'avais entre mes mains une lettre de la Sorbonne, une université française. J'y avais envoyé mon dossier comme ça, au hasard. Et je venais de recevoir une réponse. Lucy se redressa tout de suite. « Bah ouvre ! Qu'est-ce que tu attends ? » Oui, il fallait que j'ouvre cette lettre. Je m'asseyais dans un des fauteuils. Mes parents étaient arrivés dans le salon, alertés par mes cris. J'ouvrais l'enveloppe et me mettait à lire. « Mademoiselle Megan, nous avons l'honneur de vous annoncer que le dossier que vous nous aviez envoyé a su retenir notre attention. C'est avec un grand plaisir que nous vous attendons dans notre université parisienne pour la rentrée prochaine. » Ma voix était montée crescendo au fur et à mesure que je lisais la lettre. J'étais prise dans une université française, je n'en revenais pas ! Mes parents me prirent aussitôt dans leurs bras. Lucy, quand à elle, se mit à pleurer dans son fauteuil. Je lâchais mes parents et accouraient vers elle. « Mais... ça veut dire qu'on ne te verra plus ? » Je n'avais pas pensé à cela. C'est vrai, pendant ces années d'études, j'allais me retrouver loin de tout, de ma famille, de mes amis, de ma sœur. Cela me faisait de la peine, mais je ne pouvais pas laisser passer la Sorbonne. C'était mon rêve. Je serrais Lucy un peu plus fort contre moi « T'inquiète pas, on se verra à chaque vacances, c'est promis ! »

Un mariage ? Sérieusement ?

Cela faisait environ deux ans que j'avais intégré la Sorbonne. C'était juste extraordinaire. Les cours, les gens, les profs, tout était parfait ! J'étais première de ma promotion, et je n'en étais pas peu fière. Au contraire. Je m'en vantais même parfois un peu trop. La vie à la française était certes très différente de la vie que j'avais eu l'habitude de vivre, mais bon, c'était vraiment bien, et supportable. Le seul inconvénient était peut être, sans vouloir me vanter, que je n'apprenais pas grand chose. J'avais l'impression de tout connaître, et parfois, de m'ennuyer. Par exemple, je me surprenais à bailler pendant un cours, ce qui n'était vraiment pas mon genre. Puis, je pris connaissance de "l'organisme". Une société qui venait de développer un projet consistant à créer un quartier parfait. La perfection, ça me connaissait. J'étais en effet très minutieuse. Et en plus de cela, ça m'offrait un billet de retour pour les Etats-Unis, et mon chez moi. Sans aucune hésitation, je m'engageais donc dans ce projet. Seul problème.
Une fois que j'eus rejoint les Etats-Unis et le quartier de Weaver View, on m'apprit une grande nouvelle : pour les besoins de ma nouvelle vie, j'étais mariée. Et je m'appelais Thaïs aussi. Original comme prénom, c'était pas trop moche. Mais quand je fis mon époux entrer dans la maison dans laquelle j'allais désormais vivre, j'en perdis les mots. « Ne me dîtes pas que ma femme, c'est elle. » Mais il était gonflé de dire ça ! Qu'est-ce que j'étais censée dire moi ? Frederic Potter. Je n'en revenais pas. Comment c'était possible que je sois mariée à ce truc ?! Qui s'appelait Gale apparemment maintenant. Ce mec avait passé sa scolarité avec moi, et jamais au grand jamais je n'ai pu réussir ni même essayer à la comprendre. « On va pas vivre ensemble au moins ?! » Le hochement de tête de la personne de l'organisme me fit lever les yeux. J'étais mariée au plus grand con de l'univers. Super !

Le surmenage, c'est mauvais pour la santé

Trois ans. Trois ans que j'avais survécu à la vie que je menais avec l'autre débile mental. J'avais résisté à tout. Ses blagues pourries, son pseudo charme qui n'avait aucun effet sur moi, tout ! Mais aujourd'hui, je n'en pouvais plus. J'en avais marre de jouer la petite femme modèle, je voulais changer. Mais pour rien au monde, je ne voulais quitter l'organisme. Alors un soir, je suis sortie, sans rien dire à personne, comme ça, personne n'était au courant et je pouvais faire tout ce que je voulais. Un bar, je n'y avais jamais mis les pieds. Je m'asseyais au comptoir, en ne commandant rien pour le moment. « Puis-je vous offrir un verre ? » Je me retournais, un mec plutôt plaisant à regard c'était assis à côté de moi. « Avec plaisir ! » Enfin un moyen de sortir de l'enfer que me faisait vivre Gale au quotidien. J'avais donc passé la soirée avec ce charmant jeune homme, qui s'appelait Luke. Nous discutions un long moment, de tout et de rien, enfin presque, je ne lui avais pas parlé de mon mariage. Au bout d'environ une heure, je décidais de rentrer en lui laissant tout de même mon numéro, dans l'espoir de le revoir.
« Thaïs, bordel. Dépêche-toi où on va être en retard au repas des Hisman. » J'avais envie de le tuer. C'est bon ! Je peux prendre mon temps pour me préparer non ? Ah il m'énerve ! Un jour, je le tuerai ! Oui, c'est ça. En général, les femmes parfaites tuent leurs maris. Je le ferai un jour je crois ! J'enfilais une paire d'escarpins, fermais ma robe rouge et descendais les escaliers en attrapant une pochette. Lui, il était là, dans son costard/cravate, près à partir. Il se retourna vers moi. « Merde. » Pff... Il était pathétique. Comme si j'en avais pas marre de ses critiques, même quand je faisais un effort, il trouvait de quoi critiquer. « Oui, bon merci du compliment comme toujours. On bouge ? » Il était en train de sourire comme un niais. De plus en plus étrange ce mec. Je crois qu'il ne fallait pas que j'essaye de le comprendre. « C'est quoi ce sourire ? » Il tourna alors la tête, et ne répondit rien, avant d'ouvrir la porte pour se rendre chez les Hisman. Je le suivais en soupirant. Décidément, Gale était une vraie énigme !

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Dernière édition par Thaïs Johns-Fawkes le Sam 19 Mai - 12:45, édité 5 fois