« Bienvenue à Weaver View ! » entonnée une jolie voix féminine à l'entrée du quartier. Les grilles de sécurité étaient grandes ouvertes, laissant entrer de nombreuses personnes étrangères à Weaver View. Ils étaient tous là, des étoiles dans les yeux, à contempler les magnifiques maisons et les pelouses parfaites. Devant chaque maison, de nombreuses familles (toutes venant de l'organisme) saluaient les passants. Seul le petit Zadig, âgé de 12 ans, n'arrachait pas un sourire. « Zadig, le reprit sa soit-disant mère, si tu ne fais pas ton travail, tu n'auras pas de dessert. » « Très drôle. » rétorqua-t-il avant de sourire. Il savait bien qu'il n'avait pas le choix. C'était son travail. Les avis des invités faisaient sourire le jeune homme. « Ils avaient raison, c'est un quartier parfait. » lâcha une dame d'un âge avancé. « Je pense qu'ils ne sont pas humains. C'est tout bonnement impossible. » La jeune femme paraissait terriblement jalouse. Pourquoi donc sa maison ne ressemblait-elle pas à ça ? Le but de la journée porte ouverte était, bien sûr, d'étaler toute cette perfection aux yeux des autres habitants, la plupart venant de Boston et des alentours. Beaucoup de journaliste se trouvait là aussi. La journée était découpée en trois étapes: le matin, le quartier était présenté aux invités, expliquant son histoire totalement factice et sa perfection purement inventée. Ensuite, tout le monde se retrouvait dans le parc pour un barbecue fabuleusement parfait, organisé par l'ensemble des familles. Là, on y faisait connaissance de toutes les familles, sans exception, qui jouaient toute leur rôle à merveille. Et puis, pour terminer la journée, certaines familles décidaient d'ouvrir leur maison et leur foyer aux invités. A l'intérieur, les habitants extérieurs aux quartiers découvriraient des appareils électroniques tous plus neuf les uns que les autres. Aspirateur automatique, home cinéma 3D. De quoi en faire pâlir plus d'un. Finalement, les invités quitteraient Weaver View, émerveillés et envieux d'un endroit si parfait. Les familles de la petite banlieue résidentielle retourneraient alors chez eux, pouvant enfin laisser tomber leur masque de perfection.